chro sur le pouce

je fais pas souvent de chronique, mais des fois ça me pète, quand j’ai un truc à dire. Pas quand c’est naze, quand c’est naze je repose je soupire bruyamment et je passe à autre chose, mais quand j’ai bien aimé j’ai envie de le dire donc voilà. Et oui certes ça tombe toujours sur des gens qui racontent leurs vies, j’ai pas cherché de logique j’ai juste laissé causer mon enthousiasme (je retrouverai ces chros pour les rassembler peut être pour en faire un tout ptit zine). Et là, Julie Doucet qui était pas encore dans mes chros, vu que quand je la lisais raconter sa vie à l’époque j’écrivais pas encore ailleurs que dans mon cahier pour le pote à côté de moi et que de stouts façons j’avais les gens avec qui je voulais en causer sous la main et que depuis on avait plus tellement besoin d’en parler pour qu’elle soit lue quand je me suis mise à faire des zines (internet ou papier) aussi. (et là c’est une erreur de ma part parce que faut être tarte pour croire que tout le monde connait les classiques d’un milieu somme toute minuscule à un micropas de côté de celui ci, erf. et heureusement que j’ai des rappels réguliers, ça permet de faire découvrir ce que tu pensais megaconnu à des gens tout neufs du milieu juste à côté et ça, c’est fantastique.)

J’ai donc enfin lu Suicide Total de Julie Doucet (à l’Association). Pavé qui quand on l’ouvre déplie un leporello (livre en accordéon) dessiné (j’ai pas tout déplié, mais parait-il que ça fait 19mètres et des bananes tout étalé). Déjà je kiffe les formes de ce genre, quand la narration se rapproche plus de la tapisserie que du découpage, y’a la fluidité du regard qui est pas la même du tout. Bien malin qui peut trouver comment on parle de l’ellipse entre les cases avec une forme pareille, déjà. Ça plonge dans une autre lecture, perso j’ai pas pu l’interrompe, j’ai tout lu d’une traite parce que je voyais pas trop comment ni où arrêter et puis c’était juste logique et naturel de faire comme ça. Ça se lit aussi de bas en haut et ça m’a pas paru bizarre ou pénible et c’était même logique avec le reste, je saurais pas dire pourquoi et je vais pas me poser la question. Je crois que le dessin tenait plus à de l’écriture en cursive (je sais pas si je suis claire) mais quelque chose qui retranscrit le mouvement, le flot, le fil, un truc progressif comme la mémoire qui remonte dont il est question dans ce livre. Et la forme s’accorde parfaitement à ce qui est raconté par Julie qui se dessine elle-même. En discussion avec June, elle a dit rapidement comme ce livre avait été éprouvant à faire, et je suis pas étonnée vu ce qui est raconté et comment, les choix faits et ce qu’ils supposent. Ça m’a (encore) donné pas mal à réfléchir sur le rapport à l’écriture, au dessin, la narration, le rapport entre récit et réalité et à ce qu’on choisit d’en dire. Et je suis arrivée à la conclusion que c’est vraiment difficile de parler de ce livre sans risquer de le réduire. Alors voilà donc c’est une fausse chro qui finit en queue de poisson : je saurais pas parler de ce livre sans en trahir des gros morceaux, il va falloir le lire vous mêmes.

J’ai juste envie de dire que j’ai ressenti la fin comme une expiration après la densité, une apnée, l’impression presque physique d’un fade-out au ciné, un peu comme on prend conscience d’un son sourd quand il s’arrête. C’est un livre très dense à lire qui fait se sentir bien après, comme si on avait partagé le soulagement à avoir laissé un poids quelque part.
désolée pour cette fin de chro ampoulée, j’ai pas trouvé de meilleurs mots.